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Erdogan: les S-400 serviront les intérêts de l'OTAN

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les missiles S-400 russes/Sputnik

Des médias américains évoquent divers scénarios au sujet des S-400 russes dont la Turquie a reçu les premiers composants. L’achat par la Turquie des batteries de missiles russes S-400 a provoqué ces dernières semaines des spéculations sur l’avenir des relations d’Ankara avec Washington et Moscou.

Un article paru ce lundi 15 juillet par le site de l’agence de presse iranienne Mizan élabore une synthèse sur fond de divers scénarios et hypothèses envisageables en lien avec cette affaire dont un article récemment publié par le journal américain Washington Post qui écrit :

« Malgré les vives objections et les menaces de sanctions évoquées par les États-Unis, la Turquie a reçu vendredi le premier lot d’un système sophistiqué de missiles sol-air russes, ce qui marque une étape importante mettant à l’épreuve la position difficile d’Ankara au sein de l’Alliance nord-atlantique, OTAN. »

La livraison des S-400 à Ankara montre, d’après le Washington Post, la volonté du président turc de se rapprocher de Moscou, quitte à courir le risque de sanctions émanant de la loi américaine, et qui s’exercent sur tout pays ayant signé des accords avec l’industrie militaire russe. « Le gouvernement US a déjà transmis divers messages à Ankara au sujet des conséquences du contrat d’achat des S-400 russes. »

« Boycott économique, interdiction d’émission de visa et interdiction d’achat de toute sorte d’équipement militaire ou défensif américain » ; telle est la liste des sanctions qui frapperaient la Turquie conformément à une loi américaine adoptée en 2017, ajoute le journal.

Les départements d’État et de la Défense américains ont déjà averti que la livraison d’au moins 100 avions de chasse F-35 serait suspendue, ajoutant qu’il sera désormais impossible pour la Turquie de contribuer à la fabrication des pièces de cet avion multirôle. Ce qui porterait un coup dur aux producteurs turcs, non sans impacter négativement sur des négociations turco-américaines au sujet de la Syrie, écrit le Washington Post.

Par ailleurs, le chercheur à l’Institut Carnegie et ancien ambassadeur de l’Union européenne en Turquie, Marc Perini, rappelle à juste titre que c’est la première fois que la Russie installe directement des équipements militaires sophistiqués de fabrication russe dans un pays membre de l’OTAN.

« Malgré les antécédents des liens historiques d’hostilité, les deux pays semblent avoir trouvé un terrain d’entente à ce sujet : la Russie préservera le statut de confrontation avec l’OTAN, tandis que la Turquie sauvera sa face. En outre, les sanctions anti-turques américaines agiront comme un autre facteur de rapprochement Turquie-Russie. L’on pourrait même s'attendre à ce que la Turquie signe avec les Russes un accord d’achat d’avions Soukhoï Su-57, ce qui satisferait d’ailleurs le souhait russe de voir se détruire le climat de confiance entre les membres de l’OTAN. »

Selon le Washington Post, la suspension, par les États-Unis, des stages d’initiation au pilotage des F-35 et l’annulation de la livraison des avions de chasse déjà achetés par Ankara mettent au jour la grande inquiétude américaine de voir les Russes accéder à la technologie utilisée dans la conception de cet avion de chasse américain.

Le système S-400 comprend un radar perfectionné capable de détecter les avions et d’autres cibles, et les États-Unis n’ont cessé de s’opposer à l’acquisition par la Turquie de ces équipements qui inquiètent profondément Washington à bien des égards. L’achat de ces missiles place la technologie russe sur le territoire d'un allié clé de l'OTAN qui, d’après le journal Washington Post, opérait comme une « antenne à partir de laquelle des frappes en Syrie ont été organisées ».

« Les responsables américains craignent que les ingénieurs russes chargés de mettre en place les batteries de missile S-400 achetées par Ankara ne découvrent beaucoup d’informations sur les avions de combat de fabrication américaine qui font également partie de l’arsenal de la Turquie. »

Sur ce fond, certains experts disent que la plus grande inquiétude de la Maison-Blanche concerne l’interception de l’itinéraire de vol des F-35 américains par les S-400 russes, un peu comme ce qui est le cas actuellement au Moyen-Orient et dans la mer Baltique. Ceci étant dit, d’autres médias américains dont le New York Times estiment que la décision d’Ankara d’acheter des batteries de missile S-400 à la Russie, s’explique surtout par l’absence de confiance, côté turc, envers les États-Unis, et les coopérations croissantes turco-russes.

C’est comme si la Turquie, suite au soi-disant retrait américain du Moyen-Orient, prenait ses distances avec l’Occident, surtout que l’influence russe semble se renforcer dans la région. Et pourtant, cette hypothèse ne devrait pas nous faire ignorer un autre scénario, aussi plausible, qui n’a pas échappé aux médias US.

N’oublions que la Turquie mène une étroite coopération avec les États-Unis sur le front d’Idlib dans la Nord-Ouest syrien et contre les opérations menées par l’armée syrienne épaulée par la Russie. De même, les États-Unis et Israël tentent, vainement, depuis 2018, de percer l’énigme des missiles S-300 et S-400 russes. L’achat des S-400 russes par Ankara ne serait-il pas une connivence turco-américano-israélienne pour mener à bien, ensemble, ce plan ?

Beaucoup de choses renforcent la probabilité de ce scénario. Le président turc a proposé une gestion « conjointe » des S-400 turcs. Malgré les menaces de sanction relayées par des médias, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, dit être informé par son homologue américain que la Turquie ne serait pas sanctionnée, en cas d'achat des S-400 russes. Erdogan se dit confiant sur le fait que « les différends autour de l’achat des S-400 russes seront réglés sans aucun problème ». « Mon homologue américain finira par me soutenir », dit-il.

Dans le même temps, le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, a annoncé que l’achat de S-400 était une nécessité et pas un choix. Le général turc a tenu à dire que l’achat des batteries de missile S-400 russes ne signifierait nullement un changement de la stratégie d’Ankara. Et il serait utile de rappeler également que le Pentagone a suspendu sine die toute réunion pour discuter d’éventuelles sanctions contre la Turquie. Les S-400 turcs ne seraient-ils donc pas un piège par Moscou ?

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SOURCE: FRENCH PRESS TV